Témoignages

La famille Batoraki au Rwanda

Atteindre la souveraineté alimentaire est possible

La famille Batoraki au Rwanda raconte comment elle a vu ses conditions de vie s’améliorer.

« Avec mon mari, Pontien, et mes sept enfants, la vie était très difficile. Nous cultivions des pommes de terre que nous revendions parfois au marché et qui nous permettaient de nous alimenter. Mais nous ne pouvions pas envoyer tous nos enfants à l’école avec ces faibles revenus. Parfois, nous avions faim car les récoltes étaient mauvaises », raconte Ancilla Batoraki, 47 ans, avec de l’émotion dans la voix. Puis, un grand sourire éclaire son visage.

 

La famille Batoraki vit dans une petite maison de village sur une colline isolée dans le district de Gicumbi au Rwanda. Ancilla et Pontien y ont élevé leurs sept enfants dans des conditions de vie précaires, vivant essentiellement des revenus de la culture de la pomme de terre. Un jour, l’un des représentants du partenaire de Secodev dans cette région Rwandaise, est venu dans leur foyer les invitant à rejoindre une association paysanne, en leur remettant des semences et un message motivant.

Famille Batoraki illustration témoignage
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Dans cette association, ils apprendraient de nouvelles techniques agroécologiques, à diversifier leurs cultures et à mieux transformer pour mieux revendre leur production. Le couple après avoir hésité, a décidé d’essayer.

 

« Au début, nous avions un peu peur. Nous ne connaissions que la pomme de terre et je me demandais comment nous allions faire si ces techniques ne fonctionnent pas ? Si les autres cultures ne poussent pas ? Comment aurais-je fait pour nourrir ma famille ? explique-t-elle. Au début, Pontien ne voulait pas. Alors j’y suis allée seule, et j’ai commencé à planter les semences qu’on m’a données. Et cela a marché, Pontien était très content. »

 

Les Batoraki intègrent alors la coopérative de Coderyna. Dans le cadre des activités de l’association, qui regroupe 58 petits·es paysans·nes (21 hommes et 37 femmes) du district, outre la distribution de semences, les formations sur les techniques agroécologiques, s’effectue une rotation des animaux d’élevage. Ainsi, Ancilla et Pontien ont reçu une vache. La mère de famille a vite appris comment tirer profit de l’animal et comment s’en occuper. Le lait que la vache produit sert d’une part à nourrir les enfants, mais est également revendu, ce qui permet au ménage d’obtenir des revenus supplémentaires.

A présent, tous les enfants du ménage sont scolarisés. De plus, depuis son intégration au sein de la coopérative, la famille a pu vraiment diversifier sa production. Passant de la culture unique de la pomme de terre, ils cultivent à présent du blé, du haricot volubile et du maïs sur un terrain plus grand. La structure de transformation et de stockage de la coopérative permet aux producteurs·trices de vendre hors saison et les liens avec les commerçant locaux facilitent l’accès des produits aux marchés de la région.

 

Les conditions de vie des paysans·nes membres de la coopérative se sont sensiblement améliorées. Ainsi, Ancilla est très fière, car elle a été l’un des ménages, en 2020, à être doté du biogaz. Elle a reçu une cuisinière qu’elle alimente elle-même grâce aux bouses de sa vache, Inshongore, «L’Elégante», en Rwandais, à laquelle toute la famille s’est beaucoup attachée : « Cette machine est formidable, car maintenant, je ne vais plus chercher du bois. Je cuisine directement en tournant le bouton. J’ai plus de temps pour aider les enfants après l’école, et aussi pour participer à la coopérative. Merci au projet. »

 

L’adhésion des petits·tes agriculteurs·trices aux organisations paysannes leur permet de développer leurs capacités et de s’autonomiser. Elle est une étape indispensable vers la souveraineté alimentaire et pour des effets de changement sensibles et durables dans les régions isolées.

Souk et sa famille au Laos

Un avenir radieux pour une jeune fille et sa famille au Laos

Souk illustration témoignage

Souk : de la rue à l’ouverture de son propre restaurant

Souk n’a que 20 ans lorsque la pauvreté de sa famille la contraint à quitter son village isolé de Ban Ladkhuaiy dans les zones rurales reculées du centre du Laos. Elle quitte son foyer, en pensant pouvoir trouver un travail dans la capitale, Vientiane. La jeune femme, ayant passé beaucoup de temps à aider sa famille pour les récoltes et les tâches ménagères, n’a que peu fréquenté l’école. Arrivée en ville, Souk erre dans les rues. Elle court de grands dangers. N’ayant pas d’argent pour s’acheter de la nourriture, le risque est important qu’elle tombe dans la prostitution et la drogue. Heureusement, des travailleurs de rue du partenaire de Secodev, « Peuan Mit », croisent son chemin avant qu’il ne soit trop tard. Elle est recueillie au centre d’hébergement, soignée, nourrie et logée.

 

Les centres d’accueils de Vientiane et de Luang Prabang recueillent des enfants, des adolescents et des jeunes adultes, qui se retrouvent dans les rues dans des situations de précarité extrême. Secodev permet alors à ces jeunes soit de reprendre l’école, soit d’entreprendre des formations professionnelles grâce auxquelles ils ont des chances de trouver un emploi ou de créer une petite entreprise par la suite. La restauration et l’hôtellerie ou encore la mécanique sont les formations soutenues par Secodev. « Si le programme ne m’avait pas aidée, je ne sais pas ce que je serais devenue et ma famille serait morte de faim. »

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Souk a décidé d’apprendre la cuisine parce que c’est un métier qui lui plaît et qui lui permettra de trouver un travail et de soutenir sa famille financièrement. Diplômée en janvier 2020, elle est immédiatement engagée dans un restaurant de Vientiane.

 

Deux mois plus tard, la pandémie mondiale de la Covid-19 et les mesures très strictes de confinement ont conduit, non seulement à la fermeture du restaurant, mais également à la fermeture du centre d’hébergement dans lequel elle était prise en charge. Souk est alors contrainte de rentrer chez elle. La situation dans son village est catastrophique. Les foyers manquent de tout et souffrent de la faim. Restée en lien avec le personnel du centre, Souk les contacte avec l’espoir qu’ils puissent lui venir en aide.

 

Dès avril 2020, un fonds d’urgence a été créé pour les cas critiques et l’envoi de biens de première nécessité : « Je ne savais vraiment pas quoi faire. Mes parents, mes frères et soeurs avaient faim. Avec mon retour, ils avaient une bouche de plus à nourrir. Les animateurs m’avaient sauvé la vie déjà une fois et maintenant ils ont aussi sauvé la vie de ma famille. Je leur en suis très reconnaissante. »

Lorsque le gouvernement ouvre à nouveau les écoles quelques mois plus tard, Secodev et son partenaire plaident pour que les autorités autorisent également la réouverture du centre. Les négociations aboutissent et Souk, comme d’autres jeunes, peut retourner au centre. Les restaurants étant encore fermés, Souk est invitée à suivre une autre formation, dans le maraîchage, qu’elle accepte avec joie et qu’elle achève en novembre 2020. « J’ai adoré apprendre à cultiver des légumes et des fruits.

 

Aujourd’hui, je suis rentrée dans mon village et je les cultive autour de la maison. Dès que je le pourrai, à la fin de la crise sanitaire, j’ouvrirai un petit restaurant dans mon village dans lequel je cuisinerai mes légumes et mes fruits. Le centre m’a permis de retrouver confiance en l’avenir et d’apprendre deux métiers très intéressants. »

Alphonsine en République démocratique du Congo

Un nouveau départ pour Alphonsine et sa famille

Alphonsine explique comment elle a pu prendre en charge seule sa famille en République démocratique du Congo

Alphonsine Mayala et la Présidente de l’Association Paysanne Yika Mpiko qui est active en périphérie de la ville de Kinshasa. « Je suis veuve et je dois prendre en charge mes enfants, ainsi que les enfants de ma fille ». Avant l’intervention des équipes du projet mené par Secodev, Alphonsine vivait grâce à une agriculture de subsistance, plantant essentiellement du manioc sur une petite parcelle de location. Dès 2016, le programme mené par Secodev en RDC lui propose de l’accompagner pour améliorer ces capacités de production agricole. « Le projet m’a appris à cultiver en respectant l’environnement. Aujourd’hui, je ne produis plus seulement du manioc, mais également des arachides et quelques légumes ». Le programme mené sur place enseigne aux paysans volontaires les pratiques agroécologiques pour qu’ils puissent produire mieux tout en limitant l’impact négatif de la production agricole sur leur environnement.

Alphonsine a intégré une association paysanne de 40 membres à proximité de son village. Elle en est rapidement devenue la présidente. Les femmes y sont largement représentées et y sont même majoritaires. « Nous les mamans, nous travaillons ensemble pour cultiver de quoi nous nourrir et vendre. Au début, les maris des mamans membres de l’association s’inquiétaient de les voir travailler avec des hommes. Mais, aujourd’hui, tout le monde est content et fier de voir comment l’association s’est développée. »  Cette adhésion des petits·tes paysans·nes aux regroupements paysans leur permet de se prendre en charge et de développer des activités leurs permettant de renforcer leur autonomie et d’augmenter leurs revenus. Ceci les aide également à améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille.

Alponsine _ projet congo
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L’accompagnement des animateurs-agronomes a permis d’augmenter rapidement les surfaces cultivables et les revenus de l’association. Simultanément au travail effectué dans les champs individuels, les membres de l’association ont un champ en commun. Ils y travaillent et échangent sur comment améliorer leurs pratiques agroécologiques. « Le projet nous a accompagné dans l’acquisition de 4 hectares de champs agricoles et nous a formé en agriculture durable. A l’issue de la récolte, nous nous partageons l’argent entre toutes les mamans pour la scolarisation des enfants, la santé et tous les autres besoins. Une autre partie de la récolte est vendue pour servir à la poursuite de nos travaux des champs. Les boutures de manioc que nous utilisons sont de bonne qualité ».

La participation d’Alphonsine dans l’association paysanne a eu des effets extrêmement positifs sur ses conditions de vie. « Aujourd’hui, je peux me vêtir et bien manger grâce à l’association et à nos travaux des champs. Je suis vraiment heureuse. Ces travaux nous permettent de scolariser nos enfants et nos petits-enfants, ce qui est essentiel à nos yeux. »

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